A Critique of Hakkar's Maison Jaune
By Olivier Barlet
L'émotion : qu'est-ce qui permet à un film de nouer ainsi le ventre et faire pointer la larme à l'œil ? La pudeur. Simplement cette distance, cette épure, ce respect des êtres qu'Amor Hakkar développe d'un bout à l'autre de son beau film. Il est heureux qu'après quinze d'errance, il soit ainsi revenu à ce cinéma où la simplicité est la marque de fabrique et la finesse un programme. Scénariste et réalisateur, il interprète aussi cet homme à qui sa femme demande d'aller chercher le fils qui vient de mourir dans un accident de voiture. Et le voilà parti sur ce petit tracteur à remorque qui ne peut ne pas évoquer celui d'Une histoire vraie de David Lynch, mais la comparaison s'arrête là, avec peut-être aussi en commun la conviction que face à la mort point besoin de discours. Paysan du fin fond des Aurès, Mouloud est frustre mais il a la grandeur des hommes conscients. S'il retourne au champ, c'est que la vie continue et que lui seul peut faire en sorte que sa famille ne s'effondre pas. S'il va chercher le fils, avec une détermination qui force le respect de tous, c'est qu'il sent bien que c'est vital pour sa femme. Mais chemin faisant, dans la durée du déplacement et la richesse des rencontres, un deuil s'opère qui n'est pas donné à cette femme qui s'enfonce dans la désespérance. Les tentatives de thérapie qu'il développe sont alors autant des actes d'amour qu'une volonté de survie. Peindre la maison en jaune ne sera pas le moindre, tant il est vrai que la beauté du monde aide à surmonter son mystère... read more
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