Sunday, June 3, 2007

ENSEIGNEMENT DE TAMAZIGHT Des regrets et des promesses


Source : Le Quotidien D'Oran
par M. Aziza

Les responsables du Haut Commissariat à l'Amazighité (HCA) ne sont pas satisfaits de l'enseignement de la langue Amazighe dans l'école algérienne. « Je suis déçu et je regrette le fait que la langue Amazighe soit enseignée d'une façon facultative » a déclaré hier, Bilek Hamid, archéologue et sous-directeur du HCA, lors du colloque international de deux jours sur « le Libyco-berbère ou le Tifinagh : de l'authenticité à l'usage pratique » tenu au centre presse d'El-Moudjahid, sous le haut patronage de madame la ministre déléguée à la recherche scientifique. Le sous-directeur du HCA a expliqué que l'enseignement de la langue Amazighe concernait au départ 16 wilayas alors qu'elle n'est enseignée aujourd'hui, qu'à travers 10 wilayas seulement. « La capitale qui devait être une grande wilaya pilote dispose seulement de deux enseignants au moment où, de nombreux étudiants licenciés en langue et culture amazighe issus des universités de Béjaïa et de Tizi-Ouzou pataugent dans le chômage » a-t-il fait signaler.

Le secrétaire général du ministère de l'Education, M. Aboubaker Khaldi, a tout de suite réagi en déclarant que l'enseignement de la langue Amazighe se fait graduellement selon les moyens et outils pédagogiques existants. Il a, dans ce sens, indiqué que l'enseignement de la langue Amazighe se trouve, aujourd'hui, confronté à deux sérieux problèmes que le ministère de l'Education tente, avec la contribution des scientifiques et des chercheurs, à les résoudre. M. Khaldi évoque le problème du manque d'enseignants en langue Amazighe. « On ne peut pas recruter un enseignant qui parle deux ou trois phrases en Kabyle pour enseigner la langue Amazighe à nos élèves, ce n'est pas sérieux » déclare-t-il. Et d'ajouter « il faut que l'enseignant soit titulaire d'un diplôme universitaire en langue Amazighe ». L'autre problème qui empêche l'épanouissement de l'enseignement de la langue Amazighe, selon le SG du ministère de l'Education, c'est l'absence de texte.

Dans ce sens, il a fait appel au savoir-faire des chercheurs spécialistes dans le domaine pour apporter davantage leur contribution pour y remédier. Les membres du HCA ont déclaré que nos écoles comptent, aujourd'hui, 600 enseignants de langue Amazighe dont 90 % sont concentrés à Tizi-Ouzou et Béjaïa, en insistant sur le fait que plusieurs diplômés sont aujourd'hui au chômage faute de postes budgétaires.

Le secrétaire général du HCA, Youcef Merrahi, s'est, lui, interrogé sur le retard du lancement de la chaîne de télévision en langue Amazighe, un projet qui date déjà de trois années et qui n'a pas vu le jour. Les membres du HCA s'expliquent mal « ces hésitations » sachant que la présidence de la République s'est engagée à réhabiliter et promouvoir tamazight.

Loin de toute considération politique ou idéologique, les archéologues, anthropologues, historiens, linguistes et sociologues ont tenté, lors de ce colloque, de définir l'alphabet berbère appelé communément «libyco-berbère ou le Tifinagh». Si certains plaident pour écrire la langue Amazighe en latin et d'autre veulent qu'elle soit écrit en arabe, tous se sont mis d'accord sur la réhabilitation de Tifinagh qui est encore en usage chez les Touaregs. Car, cet alphabet originel témoigne d'un enracinement profond de l'identité berbère.

Le représentant du ministère délégué de la recherche scientifique a déclaré, dans ce contexte, que la loi 98-01 relative à la recherche scientifique a prévu entre autres, un programme national de recherche portant sur l'histoire, l'archéologie ainsi que d'autres thèmes, lesquels ont été mis en oeuvre. « Une quarantaine de projets qui ont mobilisé plusieurs équipes » a-t-il affirmé. Il précise que deux autres programmes nationaux de recherche sur la culture, la communication et la linguistique n'ont pas été mis en oeuvre, mais seront initiés dans le cadre de la prochaine loi sur la recherche scientifique et le développement technologique.

Enfin, le chef de projet franco-algérien de datations directes de l'art rupestre saharien, Malika Hachid, a plaidé pour l'établissement d'un corpus, autrement dit, un recueil des inscriptions libyco-berbères. « Nous en avons des milliers dans le Sahara » a-t-elle affirmé en regrettant le fait que 90 % des études de recherches et de thèses faites par nos universitaires ne se font pas sur terrain, en se contentant de repiquer des informations soit à travers des livres ou d'Internet.

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