Wednesday, March 14, 2007

Amghar n’Wadhrar

Amghar n’Wadhrar
Le Sage de la Montagne
By Nacéra Tolba

Source : dzlit

On m’a arraché la langue de ma mère
On m’a dicté, infligé la leur
Des lettres et des mots inconnus
Oppriment, déchirent ma poitrine,
Empêchent le souffle de s’émouvoir
Déchire le souffle du corps

Votre langue trébuche sur ma langue
Le verbe pris de vertige
Chute dans le vide
Pour échapper aux idées stupides.
Béton et goudron
Entravent mon chemin
Souillent mes mains
Ainsi vous avez changé mon destin.

On m’a dit :
On est venu avec le savoir
Qui sera le miroir de votre regard
Vous instruire, vous les montagnards !
Rapidement, vous ne serez plus « barbares »

On m’a dit :
On vient à l’acculture de votre terre
Pour vivre meilleur
Ce que vous ruminez,
Provoque des épidémies
On doit l’exporter
Et exploiter nos produits
Ce que vous buvez,
Génère des troubles gastriques
On l’envoie au laboratoire chimique
Afin de mettre fin
A l’Histoire de la montagne sacrée

On m’adit
Ce que tu portes sur le corps
Sent mauvais et très coloré
Ce que tu as aux pieds
Font trop de bruit
Ôte tout
Tout ne concorde pas avec notre société
N’tRoumith°, dhu Turquith° et que sais-je ?…
Ils ont oublié l’enfant d’Imadghas
La Chaouia que je suis !
J’étais païenne,
On m’adit
Nonnn ! Non d’un chien !
Barbare, tu l’es !
Barbare ! Bon gré, mal gré
Barbare devenue sans le vouloir
Un autre inconnu se manifeste
Barbare !
Moi, Chaoui, de l’Aurès…
Quel Aurès ?!
On vient avec le progrès
Pour bien travailler
Grec, roman, Visigoth
Et la liste s’enchaîne
Tous travaillent sur leurs idées

Pour changer
Mon corps, mon regard, mon cerveau
Mon attitude et aussi ma vie,
On pense, on programme, on analyse
On compose et on décompose
Pour moi, seule abandonnée
Entre les crocs des chacals affamés.

Ils pensaient qu’ils ont pensé à moi
Je sais, ils ont fait beaucoup de bruit
Sauf ! Sauf penser à moi !
Je n’ai rien demandé,
Rien choisi
Je n’ai jamais dit, oui….
Je suis bien telle que je suis
Je ne veux rien changer
Quels gâchis ! Ignorance ! Absurde !
Egoïsme ! Désastre et incompris !

Ma mère ? C’est la fin de la guerre ?
Où est mon père ? Où est ma terre ?
Où sont mes fleurs et l’alphabet d’hier
Gravées sur la tête de l’Aurès Imedhgass
Je crie de toute mon énergie
Les tréfonds se déchirent
L’écho arrache le giron du cèdre séculaire
Désemparé telle une ombre errante
A la recherche des racines
Où se lit l’Histoire de mes origines
Je pleure le tatouage n’thiguyar°
Tatouages des mes aïeux.
Je pleure l’odeur t’mourth l’Aurès
Rihat° dada, amghar°ki tir amallal (l’oiseau blanc)
Amghar N’wadhrar
Brûlé par l’Être « supérieur, civilisé »
L’a brûlé et étouffer
La mémoire sous les cendres
Encore endeuillées
Le noir de couleur
S’évapore du giron N’wadhrar - Montagne
Au goût âcre et carbonisé
Crachant le fiel
Comme un volcan en folie.

Je cours partout, dans tous les sens,
Et à contresens
Suivie par la lune fidèle
Pleurant le sang de mes frères
Qui se jette dans Ighzar amoqran°-
Le grand oued confus et tourmenté
Les larmes écarlates
De l’enfant noyé dans le néant
Débordent du lit
Creusent encore les sillons du visage meurtri.

Oh, Ma mère ! Mani rouh argaz
Mani rouh rihat° dada « barbare »
N’ghinith° ceux qui sont venus,
Hier avec le savoir ?
L’ont pris vers une lointaine montagne
Proie des ogres et des rapaces
Qaran° izen h’zen° falès
Yaqim ydes wa yamouth°zdèth
Yzen ya ma z’ra likèn°
Ya Allah ! Dada Yamouth gui mourth n’outhène
!

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