ENSEIGNEMENT DE TAMAZIGHT
Source : L'EXPRESSION
Le HCA fait un constat d’échec
11 novembre 2006
Faute d’enseignants, le nombre des wilayas concernées a même diminué passant de 16 à 10.
Malgré le souhait exprimé par le chef de l’Etat, l’institutionnalisation de la langue de Massinissa reste une illusion. En d’autres termes, «l’enseignement de tamazight est victime d’un manque de volonté politique». C’est en ces termes que le secrétaire général du Haut Commissariat à l’amazighité HCA, M.Youcef Merahi, a résumé la situation.
Invité à l’émission «Forum du jeudi» de la Chaîne II, le secrétaire est sorti de son silence pour livrer «quelques vérités» sur la problématique en question. «On ne parle de l’enseignement de tamazight que de manière conjoncturelle. Ce sont les crises qui font avancer le dossier», révèle l’invité de la Chaîne II. Preuve en est, poursuit-il, onze années après la création du HCA, dont la principale mission est l’introduction et la promotion de l’enseignement de tamazight dans le programme pédagogique, le processus demeure malheureusement au point de départ.
Pour lui, il existe deux verrous qui freinent le développement de tamazight à l’école. Il s’agit du caractère facultatif donné à l’enseignement de la langue et le manque de formation des professeurs. Tout au long de son intervention, M.Merahi n’a pas mâché ses mots pour tirer à boulets rouges sur les pouvoirs publics. «L’Etat n’a fait aucun effort pour la promotion de la langue tamazight», reconnaît-il. Au jour d’aujourd’hui, souligne M.Merahi, très peu de professeurs ont été formés. «La seule formation a concerné 33 professeurs, ce qui est très insuffisant pour assurer une promotion efficace de la langue», rappelle-t-il en s’interrogeant sur les raisons de ce retard. Pourtant, remarque l’invité de Chaîne II, ce n’est pas les moyens qui manquent. Le nombre des enseignants en tamazight est estimé actuellement à 578. Une bonne majorité n’a pas reçu de formation spécifique pour prétendre enseigner cette Langue.
Faute d’enseignants, déplore M.Merahi, le nombre des wilayas concernées par cet enseignement a même diminué passant de 16 à 10 wilayas seulement. Ce n’est pas tout. Il soulignera que même le nombre d’élèves, estimé au début à plus de 105 000, n’a pas augmenté par rapport au nombre d’élèves de ces cycles, dont 90% proviennent des wilayas de Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira.
M.Merahi refuse d’admettre que le HCA est responsable de cet échec. «Nous sommes une force de proposition et nous n’avons pas le pouvoir d’exécution», précise-t-il. Pour lui, les missions principales du HCA consistent en la réhabilitation et la promotion de la langue amazighe ainsi que son introduction dans l’enseignement et les médias. Selon lui, le HCA remet annuellement des rapports détaillés au ministère de l’Education.
A ce propos, le conférencier informe que le HCA a transmis, le 6 octobre dernier, un rapport au président de la République. «Le dossier de l’enseignement de la langue de Massinissa doit faire l’objet d’une décision politique courageuse», suggère le secrétaire général. Il reste convaincu que la promotion de tamazight «ne saurait se concrétiser sans la volonté et la coopération des secteurs concernés, à leur tête le ministère de l’Education nationale». Avant de conclure, M.Merahi a mis l’accent sur la nécessité d’une rencontre regroupant tous les secteurs concernés avec le ministère de l’Education nationale afin de donner à cette langue toutes les chances de se développer, au même titre que les autres disciplines.
Nadia BENAKLI
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